La Passerelle des Arts à Paris
Cette merveilleuse passerelle également appelée "Pont des Arts" relie l'Institut de France à la Cour Carrée du Louvre. Construite en 1804, c'est le premier pont métallique de Paris. Fragilisé par des collisions avec des embarcations, le pont s'est effondré en 1979 et a été reconstruit en 1984.
Construite en 1804, c'est le premier pont métallique de Paris. Fragilisé par des collisions avec des embarcations, le pont s'est effondré en 1979 et a été reconstruit en 1984.
 J'ignore quelle était la nature du revêtement avant la reconstruction. Aujourd'hui, la passerelle a été recouverte avec un platelage en Chêne. On n'a pas lésiné sur la section : les lames de terrasse en chêne utilisées font 120 mm de large X 50 mm d'épaisseur. Les poutres sur lesquelles reposent les lames sont espacées tous les 115 cm. C'est du solide. Mais c'est raté !  Une fois de plus, les aboutements ont tous été alignés ce qui créee une ligne de coupure tout le long du pont dans le sens de la perspective. Quel dommage ! Mais ce n'est pas le plus grave.
 La norme B54-040 Platelage Extérieurs Bois recommande pour le chêne un coefficient d'élancement maximum de 5, pour éviter le tuilage. Nous avons : 120 / 50 = 2,4. Le coefficient d'élancement est respecté et nous n'avons effectivement pas de tuilage
 Malheureusement, le platelage ne vieillit pas bien. Il est simplement en train de pourrir. La norme B54-040 Platelage Extérieurs Bois précise que le Chêne serait compatible avec la classe d'emploi 4 pour les ouvrages de type 1 (particuliers) et apte à la classe 3b seulement pour les ouvrages de type 2 (ERP). Sans doute pour des raisons politiques et pour "choisir Français" le Chêne a été retenu au détriment d'un bois plus durable.Pour un ouvrage devant durer des dizaines d'années c'est un bien mauvais calcul.
 Et pourtant nous sommes dans des circonstances de pose ultra favorables : la passerelle est en hauteur ; il y a donc une très bonne ventilation (pas d'humidité confinée en sous-face). Bouts de lames non touchants, vissage non traversant pas de points de rétention d'eau.
 Et pourtant la dégradation est très nette et le phénomène de pourrissement est incontestable. Il n'y a (pour le moment) aucun risque d'effondrement ou de casse des lames, compte tenu de leur section. Mais comme on peut en juger sur ces photos, l'état de surface fait peine à voir. Les lames en Azobé de 100 ans utilisées à Deauville pour "les Planches" sont en meilleur état.
 La saleté s'est installée entre les planches et est quasiment impossible à nettoyer. La mousse se développe (voir photos suivantes). Un bois vraiment compatible avec la classe d'emploi 4 ne se dégraderait pas de cette manière.
 A titre d'exemple, voici une porte en Teck agée de 1000 ans (en inde) On est à la verticale, ce n'est pas une terrasse, mais l'état de conservation est exceptionnel.
Contrairement à une idée répandue on voit sur cette réalisation majeure, que même en mettant les moyens et dans une situation favorable, le chêne n'est en vérité pas compatible avec la classe d'emploi 4.
Conclusion, messieurs les Architectes et Maitres d'Oeuvre. S'il vous plait, si vous devez réaliser des ouvrages devant durer des décennies, n'utilisez pas des bois de classe 3 et prenez conseils auprès de vrais spécialiste avant de vous lancer dans des aventures hasardeuses.  |
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